Conclusion
Notre enquête a révélé que si le terme « growth hacking » suscite encore des malentendus et des attentes irréalistes, ses principes fondamentaux sont souvent intégrés dans les pratiques marketing actuelles. Les experts interrogés, issus de diverses entreprises innovantes comme Growth Society, Typeform et Too Good To Go, ont souligné l'importance d'une approche méthodique, basée sur l'analyse de données et l'optimisation continue.
À travers cette enquête, nous avons retracé les origines du growth hacking dès sa naissance dans la Silicon Valley, illustrées par des anecdotes de Chamath Palihapitiya chez Facebook et Sean Ellis chez Dropbox. Initialement défini comme un état d’esprit, le growth hacking s’est enrichi de principes et de méthodologies comme le lean startup pour organiser des expérimentations ou le framework AARRR de Dave McClure.
Nous avons découvert que le marketing autour du growth hacking, notamment à travers les livres de Ryan Holiday et Sean Ellis, a profité de la popularité des « hacks » réussis dans de grandes entreprises comme Airbnb et Dropbox. Ce mouvement a été suivi en France par des entités comme The Family et Germinal. Toutefois, ces succès ont aussi engendré des confusions autour du terme. En laissant croire que le growth hacking offrait des solutions magiques grâce à des « quick wins » simplement dues à des idées créatives, les pionniers du domaine ont desservi le concept.
C’est probablement pourquoi notre tentative de nous entretenir avec des responsables marketing expérimentés sur le sujet a échoué. Face à la difficulté d’évaluer l’impact du growth hacking sur les stratégies des équipes marketing françaises, nous avons interrogé des experts, consultants et agences pour recueillir leurs avis sur le sujet.
Nos experts ont confirmé la nécessité de sensibiliser leurs clients aux réalités de leur métier. Ils ont aussi exprimé leur volonté de s’éloigner de l’idée de « hacking » en simplifiant le terme par « Growth » ou « Growth marketing ». Ils redéfinissent le concept en le liant au marketing d’Internet, qui complète le marketing d’image de marque.
La discipline se professionnalise, chaque activité devenant un métier en soi. Les options de marketing de croissance pour une entreprise sont nombreuses et variées, dépendant de sa taille, de son budget et de son positionnement. Cela rend cette discipline de plus en plus complexe, nécessitant flexibilité, pragmatisme et polyvalence.
Le rôle du Chief Marketing Officer (CMO) évolue, incluant une collaboration étroite avec un Growth Manager lorsque cela est possible. Ensemble, en fonction des ressources internes, ils choisissent de sous-traiter certaines actions marketing pour profiter de l'expertise d'agences spécialisées comme Growth Society ou pour gagner du temps sur des actions moins chronophages.
Aujourd’hui, les outils SaaS (logiciels de service) continuent d’évoluer et restent centraux à cette activité, permettant de réaliser des actions complexes rapidement, là où il fallait savoir programmer il y a quelques années. Néanmoins, certains experts préfèrent des outils moins intégrés et se tournent vers un nouveau type d’outil plus personnalisable : les outils no-code.
Des outils avancés comme Webflow pour créer des sites internet ou Make pour créer des automatisations bénéficient d’une popularité croissante. En offrant une nouvelle balance entre la possibilité de réaliser des projets semblables à du développement web avancé et l'absence de besoin de savoir programmer, ces logiciels gagnent en popularité auprès des experts.
Malgré l’abandon du terme « hacking », les experts en Growth restent des professionnels de la technique qui tirent parti de leur appétence pour le maniement de logiciels plus ou moins complexes. En combinant cette appétence avec des connaissances pointues en marketing, ils continueront de trouver des hacks impressionnants. L’arrivée d’IA génératives comme ChatGPT réduit encore davantage les difficultés à créer des actions complexes, ouvrant de nouvelles perspectives pour l’avenir du growth marketing.